(Sc.7) Int. Appartement de Maude Sévigny, même nuit
On revoit la main qui dessine une spirale.
Cette fois, on voit celle qui dessine. C’est MAUDE SÉVIGNY, une jeune fille frêle et pâle. Sa tenue vestimentaire et sa coupe de cheveux rappellent une écolière des années 50. La feuille devant elle est couverte de ces symboles. Maude semble plongée dans un état second.
(Sc.8) Int. Chambre d’hôpital de Sauriol , même nuit
Dans la chambre du MGR SAURIOL, les deux autres prêtres ont revêtu des étoles mauves par-dessus leur costume noir. Ils sont debout, de chaque côté du lit.
Le jeune prêtre blond, Brisebois, s’asseoit au chevet du malade et prend sa main. Le vieux Mgr Sauriol semble soudain reprendre conscience. Ses yeux papillotent légèrement.
Brisebois
Monseigneur... Il ne faut pas nous quitter tout de suite.
Brisebois sort un médaillon accroché autour de son cou et le fait pendouiller devant le visage de Sauriol. Dans la pénombre, on aperçoit la forme du pendentif. C'est une spirale stylisée.
Sauriol ouvre les yeux. Il semble reconnaître le symbole.
Brisebois
Vous savez qui m'envoie, n'est-ce pas ?
Sauriol (faiblement)
...Grandier...?
Brisebois prend une des mains du moribond et l'ouvre. Les deux autres acolytes ferment les yeux et joignent les mains; ils semblent prier.
Sauriol se laisse faire, mais sa bouche tremble légèrement.
Puis, Brisebois enfonce doucement le médaillon dans la paume de Sauriol.
Sauriol (très faiblement, mais apaisé)
Grandier...
(Sc.9) Int. Réception de l’étage des malades chroniques, même nuit
Horne arrive dans le corridor de l’aile des malades chroniques.
Josée l’aperçoit et le reconnaît.
Josée
Sam ?... C’est toi, Sam? Mais qu’est-ce que tu fiches ici ?
Il la regarde intensément, cherche à la reconnaître. Puis une lueur se fait.
Horne (murmure)
Josée ?
Josée
Tu t’es pas montré depuis trois jours. Qu’est-ce que t’as fait ? Tout le monde te cherchait. T’es blessé. Tu t’es encore battu ?
Horne (toujours hagard)
Un curé...
Josée
Quoi ?
Horne
Je cherche un curé...
(Sc.4) Int. Morgue, même nuit
Sam Horne sort précipitamment de la morgue, encore sonné. Il a de la difficulté à reprendre complètement son équilibre. La lumière l’aveugle un moment. Il se dirige vers l’escalier qu’il entreprend d’escalader à grandes enjambées.
(Sc.5) Int. Réception de l’étage des malades chroniques, même nuit
Les trois prêtres passent devant le poste d’infirmières. JOSÉE GODBOUT, l’infirmière de l’étage, lève la tête en les voyant. C’est une femme dans le milieu de la trentaine, maigrichonne, pas très jolie. Le plus jeune des prêtres, BRISEBOIS, penche légèrement la tête vers elle.
Brisebois (doucement)
La chambre de Monseigneur Sauriol, s’il vous plaît.
Josée
Euh... Oui. C’est pour les...
Brisebois (souriant d’un air affecté)
...les derniers sacrements. C’est ça. On nous a appelés.
Josée
D’accord. Suivez-moi, je vais vous y conduire.
Les trois prêtres suivent Josée vers le fond du couloir.
Josée
Une chance que vous êtes venus... Son état s’est beaucoup détérioré ces dernières heures.
Brisebois
Nous savons, oui.
(Sc.6) Int. Corridor de l’hôpital, même nuit
Complètement désorienté, Horne erre dans une autre aile du même étage. La scène est voilée, comme irréelle. Les murs tanguent légèrement. Les contours ne sont pas nets. En passant devant la porte ouverte de certaines chambres, il aperçoit des PATIENTS qui le regardent. Ce sont des malades âgés pour la plupart. Ils ont tous l’air fantomatiques, avec leur visage creusé et leur regard absent. Ils sont couchés dans leur lit ou assis dans une chaise roulante. Un petit VIEILLARD rabougri le regarde passer, souriant, et lui donne la bénédiction.
Prologue
Flash: premier coup de poing sur le visage d’un homme étendu (HORNE).
Flash: deuxième coup de poing.
(Sc.1) Int. Morgue d’hôpital, 20:30 pm
Cette scène débute à la morgue de l’hôpital ‘Saint-Michel des Saints.’
Il fait sombre. Rien ne bouge. Dans la pénombre, on devine la forme d’un corps étendu sur une table métallique. Brusquement, le corps se redresse d’un seul coup, en position assise. C’est SAM HORNE, un Amérindien dans la trentaine, haletant, le torse nu et les yeux hagards. Il a l’air de s’extirper d’un cauchemar. Il se masse le visage ou il croit avoir été battu. Il regarde brièvement autour de lui, puis, pris de panique, il s’agite et tombe en bas de la table.
(Sc.2) Int. Corridor de l’hôpital, même nuit
Un corridor du même hôpital, à l’étage des malades chroniques, la même nuit. Une porte d’ascenseur s’ouvre. Trois PRÊTRES habillés de noir en sortent, deux grands, plus âgés, encadrent un jeune blond plus petit à l’air sévère. Ils ont tous les trois un col romain et un des deux grands transporte une petite valise noire.
Les trois prêtres s’avancent. L’étage a l’air désert.
(Sc.3) Int. Appartement de Maude Sévigny, même nuit
Cette scène est agencée au montage avec les scènes de l’hôpital.
Nous ne voyons rien de l’endroit.
Une main délicate de jeune fille dessine nerveusement un symbole en forme de spirale avec un fusain sur du papier jauni.